L’école : une marchandise ?
Hier, grève dans l’Education Nationale : 16 000 suppressions de postes l’année prochaine, sans parler de la réforme de la formation des professeurs, de la réforme des lycées etc. Il n’est pas inutile de lire cet extrait de contribution de Nico Hirtt lors du Forum Mondial pour l’Education à Porto Alegre en 2001 pour nous remettre les idées en place et comprendre ce que le gouvernement de M. Sarkozy trame :
« L’évolution actuelle des systèmes d’enseignement se réalise au détriment de l’accès aux savoirs et aux savoir-faire qui permettent de comprendre le monde, qui permettent donc aussi d’y agir. Ce sont précisément les plus exploités que l’on prive ainsi des armes intellectuelles dont ils auraient besoin pour lutter en vue de leur émancipation collective.
Cette École de la production sera, plus encore qu’aujourd’hui, une instance de reproduction sociale. Au nom - comble de l’hypocrisie ! - de la lutte contre l’échec, on divise, on sélectionne et on abaisse le niveau des exigences des uns (ceux qui constitueront la masse de main d’œuvre peu qualifiée requise par la « nouvelle » économie), tout en incitant les autres à chercher chez des « offreurs d’éducation plus innovants », les savoirs qui feront d’eux les fers de lance de la compétition internationale. La déréglementation des programmes et des structures, l’explosion des formes diverses d’enseignement payant, tout cela constitue le terreau sur lequel les inégalités de classes se transformeront, avec encore plus d’efficacité qu’aujourd’hui, en inégalités d’accès aux savoirs.
Quant à l’ école publique, elle n’ aura plus, selon le propre aveu de l’ OCDE (l’organisation de coopération et de développement économique), qu’ à « assurer l’ accès à l’ apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’ exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’ autres vont continuer de progresser »* ».
* l’Observateur de l’OCDE*, n°193 avril-mai 1995 1/04/95