politique fiction
Voici un texte construit avec de nombreux mots piochés ici et là dans les vœux de « notre » président. Je me suis dit qu’on pouvait en faire autre chose de ce discours…
Les vœux
Eprouvé, inquiet, découragé, sans confiance dans l’avenir et sans raison d’espérer, je suis venu vous dire que je branle du chef. J’ai appelé mon médecin personnel. Il est arrivé ventre à terre pour m’ausculter. Quand il m’a dit « Tirez la langue et faites A A A », j’ai fondu en larmes. Dépression, a-t-il diagnostiqué, et il m’a donné un arrêt maladie jusqu’au mois d’avril. Je sais que la protection sociale est au plus mal, mais je suis déréglé, comme la finance. Il est de mon devoir de vous protéger de moi et de mon incapacité à gouverner.
Oui, je n’ai pas peur de le dire, je suis au bord du gouffre, comme l’économie. J’ai honte de ces réformes jamais accomplies, honte de la courbe du chômage qui grimpe aussi vite que les profits des actionnaires, honte de l’exclusion, honte de me dérober depuis de longs mois au devoir qui est le mien, honte de ne pouvoir donner une place à chacun dans la Nation. Oui, j’ai honte de mystifier la France depuis des années !
Je sais ce que ce départ me coûtera : ma femme, d’abord ! Son contrat arrive à échéance avec la fin de mon mandat et si je ne le renouvelle pas, elle partira, elle l’a ainsi décidé. Avec son départ, je mettrai un terme aux talonnettes, à la littérature et au cinéma d’auteur. Je pourrai enfin me goinfrer de tout ce que la culture méprise. Tiens, je commencerai par la biographie de Johnny que ma femme n’a pas voulu m’acheter. Et puis, j’essaierai de me retrouver un mannequin qui acceptera de vivre avec un avocaillon.
A vous, à tous ceux qui nous sont chers, aux soldats qui, par ma faute, risquent leur vie au-delà de nos frontières, j'adresse ce soir tous mes vœux de bonheur pour la nouvelle année. A vous tous, chers Françaises, chers Français qui m’ont supporté, je voudrais vous dire pardon.
Vive la République, vive la France !