politique fiction
Le costume du président
Je me demande comment il peut marcher de cette façon avec un costume de cette qualité ! Il lui faudrait des cours de maintien. Pourquoi n’en prend-il pas avec un mannequin ? Normalement, quand on enfile un costume Dior - et tous les costumes vous le diront – on acquiert une certaine prestance. Même les moins dotés physiquement sont mis en valeur ; lui, non. Un désastre !
Le lendemain du jour où il m'a mis, j'ai demandé à revenir dans la boutique où l’on m’avait acheté - je ne supportais pas ses contorsions clownesques qui ne manqueraient pas d'user la doublure et le tissu au bout de quelques jours - mais on m'a dit que c'était hors de question. Il parait que je suis fait sur mesure et que personne ne me reprendra, même à moitié prix !
On ne m'ôtera pas de l'idée que tout, chez cet homme, est déséquilibré. Il y a quelques mois, j'en ai parlé à ses sous-vêtements, mais ceux-ci m'ont dit qu'ils ne feraient aucun commentaire. Ils ont peur d’être envoyés en garde à vue et préfèrent subir leur sort, stoïques. Je les plains de toute la force de mes fibres.
J'ai souvent essayé d'en savoir plus auprès de ses souliers Bertulli, mais leur semelle intérieure à effet grandissant leur a imposé le silence. Elle ne veut pas être mêlée à cette histoire. Dommage ! Je me disais pourtant qu’une petite grève pourrait changer les choses mais aucun élément de la garde robe du président n'est prêt à se mobiliser.