Penser, ça dérange ?
Dans l’article « Pas touche à la dissertation », publié dans le Monde de jeudi, Catherine Clavier évoque le désir du gouvernement – essentiellement celui de M. Sarkozy – de modifier l’épreuve de culture générale aux concours de la fonction publique. J’ai relevé cet extrait particulièrement édifiant.
« N'est-il pas paradoxal de vouloir supprimer cette épreuve quand lycéens et étudiants, et pas seulement les plus défavorisés, maîtrisent de moins en moins bien la langue ? Alors qu' ils confondent une énumération paresseuse de faits avec l'organisation raisonnée d'une pensée ? Alors que le sentiment, le jugement d'ordre moral prennent bien souvent la place de la réflexion. »
C’est effectivement paradoxal mais il est de bon ton, dans la république sarkozienne, de préférer des têtes mal formées que l’on peut facilement déformer. Le jugement et l’ordre moral ne sont-ils pas de retour dans nos journaux télévisés où l’analyse laisse place à l’opinion et au fait divers ? Mais il est vrai qu'il n’y pas lieu de s’étonner puisque le chef de l’Etat lui-même, fait partie de ces français qui bannissent la réflexion afin d’utiliser le jugement d’ordre moral.